BIOGRAPHIE

8 Décembre 1864 : Naissance de Camille Claudel

Son père était receveur de l'enregistrement et sa mère fille de médecin. Elle a un frère et une soeur : Paul et Louise.

1882 Camille obtient que la famille parte pour Paris où elle pourra prendre des leçons : elle sera sculpteur. Son père restera à Wassy. Elle suit ses cours à l'académie Colarossi.

A 18 ans, elle apprit les rudiments de son métier dans l'atelier du sculpteur Alfred Boucher, qui semble l'avoir recommandée l'année suivante à Rodin.

1885 Elle entre comme praticienne à l'atelier de Rodin. D'élève, elle devient collaboratrice et inspiratrice, modèle et compagne.

1887 Rodin obtient la commande des Bourgeois de Calais et Camille se voit confier le modelage des pieds et des mains.

Elle expose le portrait de son frère, âgé de 18 ans.

1888 Elle obtient une mention honorable pour un couple de plâtre intitulé : Sakountala.

1890 Elle passe l'été au château de l'Islette en Touraine. Elle est lasse des hésitations de Rodin qui ne peut se résoudre à abandonner Rose Beuret, compagne des jours difficiles. Il semble que sa création souffrit de ses difficultés privées car ni cette année ni l'année suivante elle n'exposera dans aucun salon.

1892 Froissée des commentaires qui tentent de faire croire que Rodin est pour beaucoup dans la réalisation de ses oeuvres, elle quitte son appartement de la Folie-Neubourg.Rodin fait alors d'elle deux portraits mélancoliques l'Adieu et la Convalescente.

Pour la première fois, elle expose au salon de la société nationale des Beaux Arts et, malgré son éloignement de Rodin, ce qu'elle choisit d'y présenter c'est le buste violent et tourmenté de Rodin en bronze, une très belle oeuvre, une des plus belle de cette artiste de puissante imagination et de faire énergique.

Avec une seule oeuvre, elle participe à l'exposition Blanc et Noir.

1894 Sa participation au salon de la société nationale des Beaux Arts consiste en un buste de fillette en bronze : Petite Châtelaine ( fillette dont il existe plusieurs portraits en plâtre et marbre. ) et le Dieu envolé, statuette de plâtre détachée d'un groupe en cours de réalisation qui dans sa version définitive sera l'Age Mûr, allégorie de la rupture avec Rodin.

1897 Elle s'épuise au travail. Sa santé est fragile et son humeur de plus en plus difficile selon Mathias Mohardt qui l'écrit à Rodin. Cependant, elle envoie au salon de la société nationale des Beaux Arts deux groupes : l'un en plâtre, La Vague, et l'autre d'onyx, Les Causeuses.

 

1898 Elle rompt définitivement avec Rodin et déménage pour le 63 rue de Turenne. A cette séparation correspond l'achèvement du second projet de l'Age Mûr et comme douloureusement nous le dit Paul Claudel :" Implorante, humiliée, à genoux, cette superbe, cette orgueilleuse, c'est ainsi qu'elle représentée. Implorante, humiliée, à genoux et nue! Tout est fini ! C'est ça pour toujours qu'elle nous a laissé à regarder !"

1902 Malgré le manque d'argent, les privations et une santé chancelante, elle expose, pour la dernière fois au salon de la société nationale des Beaux Arts.

1904 Elle fait la connaissance d'Henri Asselin qui, en dehors des ses proches, sera le dernier à la voir régulièrement et à en avoir porté témoignage : "Elle répugnait à parler d'elle, à raconter sa vie, à dire ses difficultés. Elle avait alors dépassé la quarantaine et paraissait plus âgée qu'elle ne l'était, tellement, sur son visage ravagé, dans ses formes alourdies, le temps et la souffrance avaient laissé la trace de leurs griffes."

1906 Sa santé s'altère et son comportement se fait étrange, en effet, s'il faut en croire Henri Asselin : "elle prit bientôt l'habitude, au début de chaque été de briser à coup de marteau toutes les oeuvres accumulées dans les deux ateliers.

1908 Du 1er au 24 décembre se tient la dernière grande exposition des oeuvres de Camille, du moins dernière de sa vie publique.

1910 A l'exposition des femmes peintres et sculpteurs, elle expose l'Imploration, La Valse, Percée et Les Bavardes.

1913 En Mars meurt son père, Louis-Prosper Claudel et le 10 Mars : "il a fallu intervenir, les locataires de cette vieille maison du quai Bourbon se plaignaient. Qu'est-ce que c'était que cet appartement du rez-de chaussée aux volets toujours fermés? Qu'est-ce que c'était ce personnage hagard et prudent, que l'on voyait sortir le matin seulement pour recueillir les éléments de sa misérable nourriture?"

Camille est alors internée à Ville-Evrard puis transférée à Montdevergues à Montfavet où elle vivra encore trente ans.

Le 19 Octobre 1943, Camille meurt à Montdevergues, vieille femme inconnue et misérable.

Après la guerre, son neveu essaya de faire ramener son corps dans le caveau familial pour lui donner une sépulture plus digne, mais se heurta à l'impossible.

Témoignage d'une infirmière

Rose Barral infirmière à Montdevergues dira d'elle, dans un article provençal du 19 Avril 1993 : " Je l'ai côtoyée pendant cinq ans, je ne l'ai jamais vu pleurer, pousser des cris, où être excitée, pour moi, elle n'était pas folle. C'était au contraire une dame gentille ayant bon caractère. "

 

Le Buste de Rodin

Avec le "Buste d'Auguste Rodin", Camille Claudel revient au naturalisme marquant certaines oeuvres de jeunesse, notamment la vieille Hélène de 1882. Daté de 1888, le modèle original en terre avait déjà disparu en 1898 et Morhardt explique qu'il avait déjà dû être surmoulé en terre fraîche pour l'édition en bronze de 1892.

Cette oeuvre importante dans la carrière de Camille Claudel, est un des plus beaux portraits contemporains que l'on puisse voir, elle reçut un accueil favorable de la critique qui insistait essentiellement sur la "puissante imagination" et le "faire énergétique" de son auteur.

Henri Asselin semble en avoir saisi l'importance "dans ce chef d'oeuvre", écrit-il, "Camille Claudel rejoint l'extraordinaire puissance créatrice du maître".

 

L'Age mûr ou La Destinée

ou Le Chemin de la vie

Oeuvre en trois parties, la draperie d'une part, fixée par un tenon et un vis au dos de la vieillesse et des deux personnages, l'un "l'Age Mûr" et l'autre "l'imploration".

Dans l'Age Mûr, comme dans ses travaux d'inspiration autobiographique, Camille Claudel accentue le dramatisme du thème, en construisant l'oeuvre avec un net souci de déséquilibre dans la composition. Ainsi, les mouvements de vague travaillés sur le socle et les effets de draperie rappellent-ils le groupe de la "La Valse" et annoncent "La Fortune".

 

Jeanne enfant ou La Petite Châtelaine

ou La Petite l'Isette.

Entre 1890 et 1893, Camille Claudel séjourna plusieurs fois au château de l'Isette, près d'Azay-le-rideau. Le modèle de la Petite Châtelaine paraît être une enfant vivant dans la propriété à l'époque où la jeune artiste y séjournait. Le titre indiqué par l'auteur elle-même dans une lettre à son frère. La Petite de l'Islette, témoigne en faveur de cette possibilité qui date donc le buste de 1893 au plus tard.

 

Les Bavardes ou Les Causeuses

ou La Confidence

 

En 1893, dans une lettre à son frère, Camille Claudel décrit Les Bavardes, qui seront reprises de nombreuses fois, dans diverses matières. Né en 1895, réalisé en marbre l'année suivante, le groupe est présenté en onyx vert et bronze en 1897. Il est accueilli très favorablement par la critique qui salue une oeuvre originale et la grande maîtrise technique du sculpteur.

 

La Vague ou Les Baigneuses

( 1897-1903 )

 

Le groupe de La Vague illustre l'aboutissement des recherches de Camille Claudel dans les années 1893-1895, particulièrement bien illustrées par Les Causeuses élaborées entre 1893 et1897.

La Vague dépasse le cadre des études d'après nature imaginées par l'artiste vers 1893 pour témoigner d'une donnée nouvelle dans le style de Camille Claudel, l'influence de l'art japonais et tout particulièrement des compositions d'Hokusaï très en vogue à l'époque. Camille Claudel utilise le motif de la vague comme un élément décoratif sur lequel elle insiste en le disproportionnant par rapport au groupe des personnages. Quelque peu isolé dans la carrière de Camille Claudel, le groupe des Baigneuses étonne surtout par rapport aux productions contemporaines traitant également de la confrontation d'êtres humains avec la mer, tel L'Epave de Charles Perron ou L'Enfant à la vague du comte d'Astagnières.

Le plâtre de La Vague fut présenté en 1897 à la Société Nationale. L'oeuvre provoqua un certain nombre de commentaires, généralement assez favorables mais discrets.

Mon Frère

 

Selon Mathias Morhardt, il en aurait existé plusieurs exemplaires dont un ayant appartenu à Marcel Schwob.

Un second tirage exécuté pour la baronne Nathaniel de Rothschild, soeur du précédent, fut également donne par ce dernier au Musée Calvet d'Avignon en 1897.

L'Implorante, Le Dieu envolé

ou L'Imploration.

 

 

Les descriptions du plâtre exposé à la Société Nationale par Camille Claudel en 1984 sous le titre du Dieu envolé permettent d'assurer que cette oeuvre est identique à L'Imploration éditée en 1905 par Eugène Blot et également connue sous le nom d'Implorante ou de Suppliante.

Le Dieu envolé est donc bien le personnage féminin implorant du groupe de L'Age Mûr dont la genèse semble remonter aux derniers mois de 1893 comme témoigne une lettre de Camille à Paul Claudel ( son frère ).

 

 

Extraits de lettres

Lettre de Louise Claudel au directeur de l'asile de Mondevergues.

( 26 Janvier 1915 )

" Monsieur le Directeur, je vous remercie de la lettre que vous m'avez écrite le 21 Janvier, dans laquelle vous m'assurez que ma fille, Mlle Claudel, n'a jamais eu à souffrir de mauvais traitements de la part du personnel de Ville-Evrard, ce dont j'étais à peu près sûre."

 

Lettre de Louise Claudel au directeur de l'asile.

( 9 mars 1919 )

" Elle désire vivement que vous fassiez mettre sa malle dans sa chambre pour lui éviter de monter les escaliers.

Elle demande aussi qu'on l'avertisse lorsqu'un colis arrive pour elle afin qu'il ne traîne pas de côté et d'autre pendant des jours ou qu'on le lui monte dans sa chambre."

 

Lettre de Camille à sa mère Louise Claudel

( 2 Février 1927 )

"Ma chère Maman, j'ai beaucoup tardé à t'écrire car il a fait tellement froid que je ne pouvais plus me tenir debout. Pour écrire je ne puis me mettre dans la salle où je trouve tout le monde, où brulotte un méchant petit feu, c'est un vacarme de tous les diables. Je suis forcée de me mettre dans ma chambre au second où il fait tellement glacial que j'ai l'onglée, mes doigts tremblent et ne peuvent tenir la plume.

Je ne me suis pas réchauffée de tout l'hiver, je suis glacée jusqu'aux os, coupée en deux par le froid. J'ai été très enrhumée. "

 

Lettre de Camille à son frère Paul Claudel.

( 4 Avril 1932 )

" Je traverse en ce moment une période désagréable. On a commencé l'installation du chauffage central. Il y a des ouvriers plein la maison, des échafaudages plein la cour. O Dieu, que c'est ennuyeux, je voudrais bien être au coin de la cheminée à Villeneuve, mais hélas ! Je crois que je ne sortirai jamais de Montdevergues au train où ça va ! ça ne prend pas bonne tournure !

Je suis bien inquiète de ce qui se passe en Extrême-Orient. Entre le Japon et la Chine, qui sait ce qui arrivera par la suite ? "